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Publié le 21 décembre 2015

DEBAT. Fin des phytosanitaires : les industriels s’inquiétent

 

Le triste spectacle des buis de Vaux-le-Vicomte
Le triste spectacle des buis de Vaux-le-Vicomte

Dans un communiqué, l’UPJ, (Union des entreprises pour la Protection des Jardins et des espaces publics) veut attirer l’attention du grand public sur les conséquences de la suppression des produits phytosanitaires en espaces publics. L’UPJ prend pour exemple le cas des maladies et ravageurs qui affectent les frênes, les buis et les marronniers du Nord-Est de la France.

L’UPJ rappelle que la loi de Transition Energétique prévoit la suppression des produits phytosanitaires issus de la chimie de synthèse pour les collectivités dès 2017 et à partir de 2019 pour les particuliers.

« Quel en est le risque ? Favoriser la désertification des espaces urbains en faisant disparaître des espèces de végétaux vulnérables aux bio-agresseurs : maladies et ravageurs.

Zoom sur les maladies et ravageurs présents dans le Nord-Est de la France :
La chalarose du frêne (ou maladie du flétrissement) est due à un champignon arrivé de l’Extrême-Orient asiatique, passé par la Pologne dans les années 90 avant d’atteindre l’ensemble de l’Europe du Nord. Très invasive, l’évolution de cette maladie est particulièrement rapide. En effet, en France les premiers symptômes ont été détectés en 2008 en Haute-Saône. Depuis la zone n’a cessé de s’étendre, jusqu’à représenter un tiers du territoire. Comme le précise le Rapport Annuel de Surveillance Biologique du Territoire, « cette maladie se manifeste par une mortalité quasiment totale des jeunes arbrisseaux ; [par une] pourriture au pied et une dégradation avancée du feuillage pour les arbres adultes ».

La pérennité du frêne, actuellement 5ème essence feuillue, et donc sa présence sur le territoire, est fortement compromise si aucun protocole médicamenteux ne lui vient en aide. Rappelons que le frêne est une des cinq essences d’arbres principalement présente dans le Nord-Est de la France (aux côtés du chêne, du hêtre, et d’autres résineux).
Le buis. Jusque-là passé entre les mailles du filet grâce à sa robustesse, le buis, notamment utilisé pour ses propriétés ornementales, est depuis 2008 attaqué par deux maladies de dépérissement (Cylindrocladium buxicola et Volubella buxi) et un ravageur (la pyrale, un papillon nocturne). Ces espèces sont si envahissantes qu’entre 2013 et 2014, 28 nouveaux départements ont été touchés. A Strasbourg par exemple, il est encore possible de se promener et d’admirer de véritables broderies de buis dessinées par André Le Nôtre, au parc de l’Orangerie. Ce jardin de 26 hectares est le plus fréquenté de Strasbourg et représente à lui seul 10% des espaces verts de la ville !

Les marronniers. Tout aussi alarmant, les marronniers subissent quant à eux les attaques de la mineuse du marronnier, une chenille qui creuse des galeries dans les feuilles. Une maladie, le chancre bactérien du marronnier, est apparue peu après la venue de cette chenille en Europe. Il semblerait que les deux soient liées mais les scientifiques n’arrivent pas encore à le confirmer.

Le marronnier, arbre imposant à la floraison esthétique, n’est pas seulement présent dans les forêts : il fait aussi partie des attributs des jardins à la française. Erigé au XVIIIème siècle dans la vallée du Doubs à moins de 15 km de Besançon, le château de Vaire-le-Grand est connu pour ses jardins à la française notamment composés de buis et de marronniers. C’est aussi le cas pour le château de Lunéville en Lorraine, situé à une trentaine de kilomètres de Nancy. Ce château du XVIIIème siècle est entouré de plus de 20 hectares de jardins et bosquets. Sans traitement adéquat, ces majestueux jardins tels que nous les connaissons disparaîtront.

Enfin, deux végétaux extrêmement invasifs, l’ambroisie et la berce du Caucase prolifèrent dangereusement, éliminant la majorité des autres espèces qui les entourent. Au-delà des problèmes de prolifération, le pollen de l’ambroisie est très allergisant et la berce du Caucase est toxique pour l’homme, notamment responsable de terribles brûlures (jusqu’au 3ème degré) si elle entre en contact avec la peau.

« Il est grand temps de se mobiliser pour sauver le paysage végétal du Nord-Est de la France constitué par les frênes, les buis et les marronniers car sans solution adaptée et efficace ces espèces sont amenées à disparaître comme ce fut le cas pour les ormes, rayés de la carte entre 1970 et 1990 suite à leur contamination par un champignon appelé la graphiose », déclare Guillaume Roth.

La méconnaissance de l’impact de la végétation sur les zones urbaines
L’impact écologique des végétaux dans les villes et les jardins est positif. En effet les végétaux refroidissent et dépolluent. Retour sur ces effets incontournables :
-Un refroidissement naturel. Comme le souligne le professeur en biologie végétale Jean-Marie Pelt, peu de personnes savent que « les végétaux transpirent et refroidissent le microclimat de nos jardins, limitant ainsi les effets délétères des canicules, que nous subissions depuis quelques années ». Ce processus d’évapotranspiration refroidit l’atmosphère de façon si efficace qu’en été une zone recouverte de pelouse sera de 6 à 9°C moins chaude que les zones bétonnées. Dans un contexte de réchauffement climatique, cet effet des plantes est non-négligeable et apporte un réel confort de vie aux habitants tout en étant une source importante d’économies d’énergie.-Une dépollution avérée. Il est de notoriété publique que les zones urbaines sont principalement polluées par le trafic routier et les moyens de chauffage. Le professeur Jean-Marie Pelt ajoute qu’au-delà du refroidissement « les végétaux fixent aussi le gaz carbonique de l’air émis par les combustibles fossiles, directement issus de nos utilisations » (chauffage, trafic routier, productions d’usine, etc.).

C’est donc grâce à la photosynthèse que les plantes absorbent du gaz carbonique puis rejettent de l’oxygène dans l’air. Aussi les végétaux jouent un rôle capital pour améliorer la qualité de l’air que nous respirons (plus d’oxygène et moins de CO2). Dans une étude, la Société Française des Gazons précise qu’un hectare de gazon produit l’oxygène nécessaire à 150 personnes et capte une quantité de CO2 équivalente aux émissions d’environ 30 automobiles.[6]
« Aujourd’hui, les urbanistes et les jardiniers qui pensent la ville de demain se voient contraints d’abandonner les végétaux et de les remplacer par des jardins minéraux, à l’aspect gris et lunaire, ou des gazons synthétiques. », déplore Jacques My, Directeur Général de l’UPJ.
Une loi aux échéances prématurées qui oublie le temps de la reconversion
Le mois dernier, Guillaume Roth questionnait l’intérêt du vote de l’article 68 de la loi relative à la transition énergétique en rappelant que les professionnels du secteur jardin étaient « dans une démarche positive, concrète et efficace ; cette interdiction est une punition injuste et accablante». En effet, entre 2008 et 2013, en dehors de toute obligation législative, les volumes de substances actives avaient diminué de 25% dans les jardins et les espaces publics, preuve concrète des efforts entrepris par la profession. De plus, les produits dotés de la mention EAJ résultent depuis 15 ans d’efforts de R&D qui ont permis de ne mettre sur le marché que des solutions sécurisées et spécialement adaptées aux besoins des jardiniers.
L’UPJ s’étonne que la France, pays d’accueil de la COP 21, soit capable de prendre des décisions si restrictives et hâtives d’autant que les alternatives naturelles aux produits phytosanitaires n’existent pas toujours. Par ailleurs, il n’est pas inutile de rappeler que « naturel » ne veut pas obligatoirement dire sans danger pour l’environnement et la santé, et que de nombreux produits de synthèse ont justement été créés pour en pallier les limites écologiques et sanitaires.
De plus, il est mensonger de mettre en avant la possibilité de résoudre tous les problèmes de santé des plantes sans les produits de synthèse et irréaliste de faire croire que l’entretien du jardin sera aussi facile, rapide et efficace. L’UPJ refuse l’opposition « naturel » versus « synthèse » et promeut l’alliance de ces produits évalués et dûment homologués qui, dans leur complémentarité, sont à l’heure actuelle l’unique solution pour à la fois entretenir les jardins et lutter contre les maladies et ravageurs.

Engagée pour un jardinage responsable et respectueux de l’environnement, l’association de professionnels rappelle que la France applique la directive européenne[7] de la manière la plus coercitive qui soit. Contrairement aux autres Etats membres, qui mettent en œuvre une politique d’utilisation durable, les parlementaires français ont voté une loi visant à aboutir au « zéro phyto » à des échéances si courtes qu’elles ne laissent pas le temps de mettre en place des alternatives appropriées.
Pourtant nous savons qu’il faut 10 ans pour créer un nouveau produit adapté. Aussi les délais à 2017 pour les collectivités et 2019 pour les jardiniers amateurs ancreront des problématiques de santé végétale déjà très préoccupantes, notamment pour le buis, les platanes, les frênes, etc. Cela équivaut à condamner de nombreuses espèces.

« L’avenir des villes européennes est dans la végétation plantée et entretenue. Nos villes sont de plus en plus polluées. Mais, en supprimant les produits qui aident au développement des plantes et des arbres sains, les parlementaires ont voté la dégradation des conditions de vie des urbains, qui apprécient les espaces verts. Véritables poumons dépolluants, ils offrent des sas de détente et de loisirs tout en améliorant la santé des habitants au quotidien. », conclut Guillaume Roth. »

A propos de l’UPJ :

L’UPJ, Union des entreprises pour la Protection des Jardins et des espaces publics. Créée en 1944, l’UPJ regroupe aujourd’hui 31 sociétés couvrant les domaines des produits de protection des plantes, des amendements organiques, des supports de culture (terreaux), des engrais, et des biocides.

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